Article DNA pour 140 ans magasin, 6/12/2011
Charles Bastian, le père de papi Jean, s’est associé à l’affaire de l’antiquaire Brion en se mariant avec sa nièce. Le magasin avait déjà ouvert ses portes en 1871, un an après l’annexion de la région par l’Allemagne.
Il a transmis à son fils Jean non seulement la boutique, mais aussi son art de dessinateur et aquarelliste.
Parmi ses amis peintres comptait aussi Léo Schnug. « Dans les années 1930-45, mon beau-père a connu Schnug et a souvent essayé de copier ses dessins. Après la tournée des winstubs, le grand peintre alsacien envoyait quelques pierres sur les vitres de la maison des Bastian pour demander une avance à son ami Charles », raconte Marie-Alice.
Il y a quelques années, pour les quatre-vingt ans de Jean-Bastian, sa belle-fille s’est occupée à éditer un abécédaire avec ses plus beaux dessins. Aujourd’hui, pour les 140 ans de la boutique, papi Jean signe son deuxième ouvrage illustré : « Le triomphe de Lafontaine ».
« Les temps changent, le métier évolue »
Tous les jours, à ses heures, il descend dans le magasin d’antiquités, s’asseoit derrière son petit bureau et commence un dessin ou une conversation avec les clients de passage. « Les temps changent, le métier évolue. Mon père Charles ne disposait dans les vitrines que les plus belles pièces de faïence du Hannong, se souvient Jean Bastian. Aujourd’hui, la faïence rustique du XIX e ou du début du XX e siècle a aussi une certaine valeur. Mais avec la crise, nos prix ont beaucoup baissé : des assiettes qu’à une certaine époque nous vendions à 1 000 euros, partent à 50-60 euros, tout comme les armoires de Lorraine vendues autour de 4 000 euros et dont on ne peut plus demander que le quart du prix… »
Des pièces mobilières à 30 000 euros
Pourtant, Jean Bastian sait que la roue tourne et n’a pas peur de l’avenir : « Pendant la deuxième guerre, le métier était en crise, mais a connu ensuite sa plus belle époque dans les années cinquante-soixante. »
Jean a transmis le flambeau à son fils Jacques, devenu également un des plus grands connaisseurs et experts de la faïence européenne au XVIII e siècle. Aujourd’hui, il travaille avec son fils Frédéric, le mieux placé pour convaincre une clientèle plus jeune qui cherche dans les meubles et les pièces anciennes le goût romantique de temps révolus.
De son côté, la boutique s’ouvre au présent et expose pour la première fois un artiste contemporain : le céramiste vosgien, intentionnellement reconnu, Thiebaut Chagué.
Si vous passez près de la Cathédrale, prenez le temps d’y entrer. Entre les cartes postales avec les dessins d’humour de Jacques Bastian et les pièces mobilières à 30 000 euros, vous aurez aussi le choix de ne rien prendre en vous autorisant un moment de détente et de discussion avec l’un ou l’autre des nombreux Bastian qui travaillent et habitent à la même adresse.