Antiquaires depuis 6 générations
Le magasin au 9-10 Domplatz – qui deviendra par la suite le 24 place de la Cathédrale – fut fondé en 1871 par Emile Brion, ancêtre par alliance de la famille Bastian.
C’est vers 1900 que Charles Bastian, artiste céramiste, qui avait son atelier proche de la Porte Blanche à Strasbourg, entre au magasin.
Il épouse Julie Roessler, de 12 ans son aînée, pratiquement dès son entrée au magasin.
Dans les années 1905, ils entreprennent un voyage en Espagne, où ils achètent un Enfant Jésus en bois sculpté polychrome qui prend au fil du temps une importance toute particulière pour le magasin. En effet, ni Julie, ni Charles ne pouvaient savoir que cet Enfant Jésus trônerait dans la vitrine de Noël du magasin d’antiquités jusqu’à aujourd’hui.
Il s’agit aujourd’hui de la plus ancienne vitrine de Noël de Strasbourg.
Ensemble, ils survivent à la Première Guerre mondiale, mais Julie décède en 1922.
Entré au magasin, Charles Bastian se spécialise dans le mobilier ancien, la sculpture, la peinture et la céramique. Ayant un goût certain et s’appuyant sur ses connaissances, il acquiert de nombreuses œuvres de très belle qualité. D’ailleurs, les inventaires du musée des Arts décoratifs de la ville de Strasbourg mentionnent certains achats réalisés chez « Karl Bastian » dans les années 1920 – 1930.
De plus, une grande partie de la décoration du magasin, encore en place actuellement lui est due, tels la grille en fer forgé du haut des escaliers, les deux pilastres monumentaux de la partie basse, les décorations rocaille et régence des devantures ou encore les impostes de fenêtres.
Julie Roessler décède en 1922. Charles Bastian se remarie en 1926 avec Anne-Marie Lotz.
C’est en 1927 que Jean Bastian voit le jour. Charles Bastian a alors 51 ans.
Pendant la guerre, Charles Bastian s’efforce de ne pas acheter les objets et meubles issus du séquestre. Il acquiert quand même certains meubles qui appartiennent à des amis, qu’il garde au sein du magasin. Ils sont restitués à la fin du conflit.
En octobre 1943, Jean Bastian, alors âgé de 16 ans, est incorporé dans l’armée allemande. Il est envoyé à Karlsruhe avec toute sa classe, où il a pour mission d’apporter les munitions pour les batteries de défense anti-aérienne de la ville.
Jean Bastian raconte souvent le moment où, en tant que jeune marchand, il entre dans le magasin avec une paire de fauteuils Louis XV. Charles Bastian, depuis l’arrière boutique où il était assis et sans même s’en être approché, enjoint à son fils de rendre ces fauteuils car, n’étant « pas d’époque », ils ne peuvent figurer au magasin.
Quelques années plus tard, en 1952, Charles Bastian décède et laisse le magasin à son fils.
Il se marie en 1950 avec Marguerite Jung, plus connue sous le nom de « Guiguite ». Cinq enfants naissent de cette union, dont Jacques Bastian.
Ce dernier intègre le magasin en 1977.
Actif au niveau national, Jean Bastian est élu président national de la CNES (Chambre Nationale des Experts Spécialisés) de 1978 à 1985. Tout au long de sa vie, il affiche une passion pour l’illustration, talent qu’il a sans doute hérité de son père. Il dessine pour lui, pour ses amis et pour sa famille. Certains de ses dessins ont été publiés par les Editions MAJB.
Cette enseigne commémore un événement révolutionnaire local. En effet, en 1793, l’idée de raser la flèche de la cathédrale de Strasbourg est émise au conseil municipal car elle « injuriait l’égalité »
Jean-Michel Sultzer, serrurier, propose de coiffer la flèche d’un immense bonnet phrygien. La cathédrale devient ainsi un symbole révolutionnaire, visible de l’autre côté du Rhin. Le buste du sauveur de la flèche est fixé au-dessus de l’enseigne.
Leurs enfants, Frédéric et Philippe, prendront plus tard la succession de l’entreprise.