Article DNA 20/01/2012
Appelé en renfort en défense après la blessure qui écarte Petrilaïnen jusqu’à la fin de saison, Frédéric Bastian a disputé son premier match de Magnus mardi à Briançon, lui l’antiquaire à la ville qui vivait sa passion pour le hockey avec l’équipe de D3. Un sacré challenge !
Lundi soir, peu après 23 heures, les joueurs de l’Étoile Noire s’affairent autour de leur bus avant de prendre la direction de Briançon. Timo Kuuluvainen, l’attaquant finlandais, est en grande discussion dans sa langue natale.
La surprise, c’est que ce n’est pas avec son coach québécois Daniel Bourdages, qui maîtrise le finnois de sa femme Maria. L’interlocuteur de l’attaquant est en fait Frédéric Bastian, qui fait là son entrée dans le groupe pour pallier à l’absence forcée de Pasi Petriläinen.
Mais si Daniel Bourdages a convoqué, jusqu’à la fin de la saison, Frédéric Bastian – qui a passé quatre ans, et son bac, en Finlande entre 1999 et 2003 –, ce n’est assurément pas pour distraire Timo Kuuluvainen en finnois.
« Daniel m’a prévenu le jour de mon anniversaire »
« Je ne peux pas tourner à cinq défenseurs jusqu’à la fin de la saison et je connais Frédéric pour l’avoir coaché pendant deux saisons en D1, explique l’entraîneur de l’Étoile Noire. Je sais qu’il va nous rendre service, c’est un garçon sérieux qui joue régulièrement en D3. »
Une “promotion” que le principal intéressé n’attendait absolument pas. « Daniel m’a prévenu le jour de mon anniversaire et je pensais qu’il m’appelait juste pour me le souhaiter, sourit Frédéric Bastian, 29 ans depuis le 12 janvier. J’ai été vraiment surpris parce que je n’ai même pas fait le camp d’entraînement. J’ai demandé un jour de réflexion avant de prendre ma décision. »
Il faut dire que le jeune homme a déjà un agenda bien rempli, lui l’historien de l’art – son mémoire de master portait sur l’ornement rocaille sculpté à Strasbourg – qui travaille au magasin d’antiquités que sa famille tient place de la Cathédrale depuis 1871.
« C’est sûr qu’intégrer l’effectif de l’Étoile Noire jusqu’à la fin de saison va avoir un impact sur mon travail, mais j’ai eu envie de relever le challenge, d’aider l’équipe, explique-t-il. En plus, je considère Pasi comme un ami, je suis allé le voir à l’hôpital et c’est un honneur d’essayer d’aider l’équipe à mon niveau. »
Sept ans après avoir joué une saison et demie en Division 1 – « J’étais rentré de Finlande après mon bac pour débuter mes études en histoire de l’art, je jouais en D3 et Daniel était déjà venu me demander de jouer avec la D1 parce qu’il manquait de défenseurs », révèle-t-il –, Frédéric Bastian fait son retour avec l’équipe première de Strasbourg. Cette fois, c’est un nouveau monde qu’il découvre, celui de la Magnus.
« Tout est un ton au-dessus, c’est plus professionnel, il y a plus de séances, ça va plus vite, souffle Frédéric Bastian. Ça m’oblige à avoir une préparation mentale particulière, à être concentré pour jouer simple, ne pas faire d’erreur. »
« Il est clair que ce n’est que pour cette période »
Mardi, il a donc fait ses débuts en Magnus face à Briançon, l’un des cadors du championnat. « Daniel m’a demandé lundi si j’étais prêt à venir, en m’expliquant que c’est une équipe qui joue propre mais physique, raconte celui qui a commencé le hockey avec un certain Gilles Beck, le deuxième gardien de l’Étoile Noire. Effectivement, ils (les Diables Rouges) finissent leurs mises en échec mais ça reste “réglo”. J’ai joué les deux premiers tiers et un peu moins dans le dernier, comme prévu… »
Le passionné d’histoire de l’art et de hockey – il exhibe fièrement deux paires de patins du XIX e siècle – va donc associer les deux activités jusqu’à la fin de la saison. Avec l’envie de prolonger l’aventure par la suite ?
« Non, tranche Frédéric Bastian. Jouer en Magnus va être enrichissant, mais il est clair dès le début que ce n’est que pour cette période. Déjà en D1, j’avais arrêté pour me consacrer à mes études. Mon métier est trop prenant pour concilier les deux. »
Frédéric Bastian répond pour la deuxième fois présent à l’appel de Daniel Bourdages – « qui m’entraînait quand j’avais huit ans », rappelle-t-il – et travaillera pour l’équipe, pour le hockey strasbourgeois avant de reprendre sa place en D3… et dans l’affaire familiale, qu’il défend avec autant de force.