Un miroir en bois fruitier sculpté et polychrome dans le goût auriculaire.
Le fronton comporte deux lions rampants qui enserrent un cartouche où figure l’emblème des boulangers, composée du Bretzel et de deux pelles entrecroisées.
Les ailerons des montants du cadre affichent des décors de masques de profil tandis que la partie basse est garnie d’un mascaron souriant qui fixe la personne qui se mire dans la glace. Le cadre offre un profil à plate-bande inclinée séparant deux bandes d’ondes. A l’intérieur, le verre est doté d’un reflet dit au « mercure » constitué d’un amalgame d’étain et de mercure. Au revers, une planche en noyer fixée par de petites vis protège le verre.
On remarque que le cartouche de la partie supérieure est percé d’un trou. Celui-ci servait à accrocher le miroir par un ruban ou un fil.
Plusieurs éléments le rapprochent d’une production du Rhin supérieur. En premier lieu, le cadre rectangulaire, à plates-bandes inclinées et jouxtées de bandes d’ondes, est très proche de celui de la peinture à l’huile présentant des joutes strasbourgeoises devant le quai des pêcheurs, conservé au musée historique de Strasbourg. De plus, de pareilles ondes décorent également le petit miroir de la maison de poupées du même musée.
Le style auriculaire des masques de profil et de face est très proche de celui qu’on retrouve sur le mobilier alsacien des années 1660-1670, tel les armoires à colonnes ou les dossiers d’escabelles. Cette esthétique est influencée par le « Neues Ziratenbuch. 2 des Schreinern, Tischlern oder Künstlern und Bildhauer sehr dienstlich » du Francfortois Friedrich Unteutsch , publié dans les années 1650. Les courtes vis utilisées au revers pour fixer la planche arrière sont de factures similaires à celle des baguettes en bois doré et sculpté des grands miroirs strasbourgeois du XVIIIe siècle. Les petites languettes rattachant les panneaux sculptés au cadre affichent la même simplicité que celles utilisées pour les miroirs italiens de la fin du XVIIe siècle. On retrouve également un exemple pour un petit cadre sculpté présent dans les collections du musée de l’Oeuvre Notre-Dame.
Ce miroir auriculaire, certainement issu d’une production du Rhin supérieur est le seul que nous connaissons. Notons tout de même que les cadres de sculpture auriculaire dédiés aux peintures sont plus nombreux, bien que rares, à l’instar des cadres anglais dits « Sunderland », les cadres néerlandais, dits cadres « Lutma » ou encore les cadres de la collection de peintures exposées au Palais Pitti de Florence.
Le mot auriculaire provient du latin « auricula », qui veut dire oreille. Les germanophones utilisent le terme « Ohrmuschelstil » qui pourrait se traduire par le style coquillage-oreille.
Période : 1660-1670
Dimensions :
Hauteur : 85 cm
Longueur : 54 cm
Etat de conservation : petit morceau de la partie supérieure du panneau droit remplacé